Vous avez déjà eu l’impression “d’avoir eu de la chance” ? De ne pas mériter vos réussites ? Ou de risquer d’être “démasqué·e” à tout moment ?
Ce sentiment porte un nom : le syndrome de l’imposteur. Un phénomène fréquent, qui touche aussi bien les étudiant·es que les salarié·es, managers ou indépendant·es.
Ce n’est ni un défaut, ni un manque de compétence. C’est un schéma de pensées identifié par la recherche, et il existe des moyens d’en sortir.
Dans ce guide, vous allez découvrir :
- ce qu’est réellement le syndrome de l’imposteur,
- comment il se manifeste,
- comment savoir si vous êtes concerné·e,
- les pistes concrètes pour le dépasser,
- et comment un bilan de compétences peut vous aider à reprendre confiance.
Syndrome de l’imposteur : de quoi parle-t-on exactement ?
Une définition issue de la psychologie 🧠
Le syndrome de l’imposteur a été décrit pour la première fois à la fin des années 70 par deux psychologues, Pauline Clance et Suzanne Imes. Elles parlent d’une “expérience interne d’illégitimité” : autrement dit, le sentiment de ne pas mériter sa place… alors même que les preuves du contraire s’accumulent.
Ce décalage est au cœur du phénomène : d’un côté, des faits objectifs : diplôme, promotion, compliments, missions réussies. De l’autre, un ressenti puissant qui murmure : “Je n’ai pas ma place ici”, “Ils se trompent sur moi”, “J’ai juste eu de la chance”.
👉 Important à savoir : ce n’est pas un diagnostic médical, mais un schéma psychologique bien documenté, étudié pour ses effets réels sur le stress, l’anxiété, l’estime de soi et, plus largement, le bien-être.
À quel point est-ce fréquent ? 📊
Le syndrome de l’imposteur est beaucoup plus courant qu’on ne le pense.
Selon les études, entre 9 % et plus de 80 % des personnes interrogées disent l’avoir ressenti au moins une fois.
La fourchette est large, car tout dépend des populations observées : étudiants, professionnels en début de carrière, métiers très exigeants, milieux où la performance est scrutée en continu…
On le retrouve particulièrement chez :
- les étudiant·es et jeunes diplômé·es,
- les professionnel·les de santé,
- les personnes minorisées dans leur environnement,
- celles qui évoluent dans des métiers très compétitifs,
- ou dans des contextes où la reconnaissance est rare.
Bref : vous n’êtes vraiment pas seul·e.
Syndrome de l’imposteur vs simple manque de confiance 🤔
Le manque de confiance est ponctuel : on doute avant un entretien, une présentation, un entretien difficile.
Le syndrome de l’imposteur, lui, persiste même quand tout va bien sur le papier. Même après un succès évident, la personne invalide les faits :
“C’était facile”, “Tout le monde peut le faire”, “Ce n’est pas vraiment grâce à moi”, “Ils ne savent pas que je ne suis pas si bon·ne”.
👉 C’est cette difficulté à internaliser les réussites qui distingue le syndrome de l’imposteur d’un simple doute passager.
Symptômes : comment se manifeste le syndrome de l’imposteur ?
Les pensées typiques 🧠
Le syndrome de l’imposteur commence souvent dans le dialogue intérieur. Des pensées qui surgissent sans prévenir, même quand tout se passe bien :
- “Je ne mérite pas cette promotion.”
- “Ils vont finir par découvrir que je ne suis pas à la hauteur.”
- “Si j’ai réussi, c’est juste parce que j’ai eu de la chance.”
Ces pensées reviennent parce que la personne a du mal à internaliser ses réussites : elle voit les preuves de compétence… mais n’arrive pas à les intégrer.
Ce décalage entre faits et ressenti est exactement ce que décrivent les travaux fondateurs de Pauline Clance.
Les comportements associés 🎭
Le syndrome de l’imposteur ne s’arrête pas aux pensées : il influence aussi les comportements, souvent de manière très automatique.
👉 Sur-préparation : Travailler trois fois plus que nécessaire pour “être sûr·e de ne pas décevoir”.
👉 Procrastination + rush stressé : Repousser, repousser, puis tout faire dans l’urgence… avec une énorme pression personnelle.
👉 Évitement : Éviter les évaluations, les prises de parole, les missions visibles, les promotions.
👉 Auto-sabotage : Accepter des délais impossibles, refuser de demander de l’aide, ne pas préparer un entretien important…
👉 Peur d’être évalué·e : Comportement typique repéré dans plusieurs items de l’échelle de Clance : peur du jugement, peur de “tromper” les autres, peur qu’on découvre “la vérité”.
Signes physiques et émotionnels ⚡
Le syndrome de l’imposteur peut aussi s’exprimer dans le corps :
- stress régulier,
- anxiété diffuse,
- troubles du sommeil,
- ruminations avant un rendez-vous important,
- tension intérieure,
- sensation d’être “en sursis”, comme si tout pouvait s’effondrer au moindre faux pas.
Ces signaux méritent d’être entendus : ils montrent que la pression interne devient trop forte.
D’où vient le syndrome de l’imposteur ?
Facteurs individuels 🌱
Certaines caractéristiques personnelles favorisent l’apparition du sentiment d’imposture.
Le perfectionnisme arrive en tête : des standards très élevés, parfois impossibles à atteindre, qui rendent toute réussite “jamais assez bien”.
S’y ajoute un biais d’auto-évaluation : la personne retient surtout ses erreurs, minimise ses réussites et voit davantage ce qu’il manque que ce qui est déjà là.
On retrouve aussi une forte sensibilité au regard des autres, une peur du jugement et une tendance à anticiper le pire scénario.
👉 Ce n’est pas un défaut : c’est un fonctionnement psychologique appris et donc transformable.
Histoire personnelle & scolaire 🎒
Le syndrome de l’imposteur trouve souvent ses racines dans le passé.
Dans l’enfance, certains messages marquent durablement : attentes très élevées, comparaison entre frères et sœurs, valorisation uniquement des performances, compliments centrés sur le résultat plutôt que sur l’effort.
À l’école, les notes, classements, concours, commentaires des enseignants… créent parfois un climat où l’erreur est perçue comme une menace.
👉 Ces expériences façonnent la manière dont on évalue sa valeur même des années plus tard.
Environnement de travail et comparaison sociale 🏢
Le contexte professionnel peut amplifier le syndrome.
Les environnements très exigeants, où la reconnaissance est rare et les retours positifs presque absents, accentuent la pression interne.
La comparaison sociale surtout dans les milieux compétitifs ou très visibles renforce l’idée que “les autres sont plus légitimes”.
Certaines personnes y sont particulièrement exposées : les femmes dans des environnements masculins, les personnes racisées, les premiers de leur famille à accéder à certains postes, ou toute personne minoritaire dans son milieu.
Le sentiment d’être “observé·e” ou “représentant·e d’un groupe” augmente la charge mentale et favorise le doute.
Les 5 grands profils de “l’imposteur”
Les recherches de la docteure Valerie Young ont permis d’identifier 5 grands profils.
Ce ne sont pas des cases rigides, mais plutôt des modes de fonctionnement qui aident à mieux comprendre d’où viennent nos doutes… et comment agir dessus.
Beaucoup de personnes se reconnaissent dans plusieurs profils à la fois c’est parfaitement normal.
1. Le perfectionniste 🎯
Ce profil fixe des standards très élevés… parfois impossibles à atteindre.
Chaque détail compte, chaque petite erreur prend des proportions énormes.
Dès que quelque chose n’est pas parfait, le doute s’installe : “si j’étais vraiment compétent·e, j’aurais fait mieux”.
2. L’expert 📚
L’expert pense qu’il doit tout maîtriser pour être légitime.
Il accumule formations, lectures, certifications… mais a toujours l’impression qu’il lui manque une compétence, une information, une étape.
Résultat : il ne se sent “jamais prêt”.
3. Le “génie naturel” ⚡
Pour ce profil, la valeur repose sur la facilité.
Si quelque chose demande un effort, du temps, de l’apprentissage… c’est vécu comme une preuve d’incompétence.
“Si je dois travailler dur, c’est que je ne suis pas doué·e.”
4. Le ou la “soloist” 🧩
Le soloist veut tout faire seul·e, sans aide ni soutien.
Demander un coup de main est vécu comme un aveu de faiblesse ou de manque de compétences.
Ce profil porte énormément… en silence.
5. Le ou la “super-héros / super-héroïne” 🦸♀️🦸♂️
Ce profil veut exceller partout : au travail, en famille, dans ses projets, dans ses engagements personnels.
Il s’impose une charge énorme, se met la pression sur tous les fronts, et s’effondre intérieurement dès que quelque chose lui échappe.
Une exigence émotionnelle et mentale très lourde à porter.
Comment savoir si vous souffrez du syndrome de l’imposteur ? +quizz
Auto-diagnostic : des signes à repérer 🔍
Il n’existe aucun diagnostic médical officiel du syndrome de l’imposteur. En revanche, plusieurs signes récurrents peuvent vous mettre sur la voie.
Si vous ressentez souvent :
- un doute persistant malgré des réussites objectives,
- une impression d'avoir “trompé” les autres,
- une difficulté à accepter les compliments,
- une tendance à invalider vos succès,
- ou encore une peur d’être “démasqué·e”…
👉 alors vous êtes peut-être concerné·e. L’important n’est pas de cocher “une case” mais d’observer la fréquence, l’intensité, et surtout l’impact que ces pensées ont sur votre vie personnelle et professionnelle.
L’échelle de Clance (CIPS) 🧪
La référence la plus utilisée dans la recherche est la Clance Impostor Phenomenon Scale (CIPS).
Il s’agit d’un questionnaire de 20 affirmations qui permet d’évaluer la sévérité du syndrome : faible, modéré ou intense.
L’objectif n’est pas de “se mettre une étiquette”, mais de mieux comprendre vos mécanismes internes. Des tests inspirés de cette échelle existent en ligne.
👉 Ils doivent être utilisés comme indicateurs, jamais comme verdict.
Comment commencer à surmonter le syndrome de l’imposteur ?
Travailler sur les pensées : recadrer le dialogue intérieur 💬
Le syndrome de l’imposteur s’enracine souvent dans des pensées automatiques. Elles arrivent très vite, parfois sans que l’on s’en rende compte : “Je ne suis pas assez bon·ne”, “J’ai réussi par hasard”, “Ils vont finir par voir que je ne sais pas tout”.
L’approche cognitivo-comportementale (TCC) propose une méthode simple :
- repérer ces pensées,
- les questionner,
- introduire progressivement une pensée plus équilibrée.
Exemples de recadrage :
- “J’ai juste eu de la chance” → “J’ai travaillé, j’ai progressé, j’ai contribué au résultat.”
- “Tout le monde en sait plus que moi” → “J’ai encore à apprendre, comme tout le monde.”
- “Si ce n’est pas parfait, c’est raté” → “J’avance, et progresser fait partie du processus.”
L’objectif n’est pas de “penser positif”, mais de penser plus juste.
S’appuyer sur les faits : vos preuves de légitimité 📂
Quand le doute est fort, le cerveau a tendance à oublier les réussites… ou à les minimiser.
Construire votre propre “dossier de preuves” peut réellement aider.
Quelques pistes :
- relire vos feedbacks positifs,
- noter chaque projet mené à bien,
- tenir un journal de réussites, même petites,
- conserver des exemples de votre travail (portfolio, témoignages…).
Ces éléments deviennent une base solide pour rééquilibrer vos pensées quand le doute revient.
Sortir de l’isolement 🤝
Le syndrome de l’imposteur se renforce souvent dans le silence. Partager vos ressentis avec un·e collègue, un mentor ou quelqu’un de confiance permet de réaliser une chose essentielle : vous n’êtes pas seul·e à vivre cela.
Entendre que d’autres ressentent la même chose normalise l’expérience, réduit la honte et permet de lâcher les mécanismes de sur-contrôle.
En quoi un bilan de compétences peut vous aider à reprendre confiance ?
Faire le point objectivement sur ses compétences 🎯
Le syndrome de l’imposteur brouille les repères. On “oublie” ses réussites, on minimise ses compétences, on doute de ce que l’on sait faire.
Le bilan de compétences offre l’espace inverse : un temps structuré pour analyser votre parcours, vos compétences, vos motivations et vos valeurs.
En travaillant avec un·e consultant·e, vous mettez à plat ce que vous avez déjà accompli, ce que vous apportez réellement, et comment vos expériences dessinent un fil conducteur.
Cette mise en perspective objective aide à rééquilibrer le ressenti : on ne s’appuie plus sur les émotions du moment, mais sur des faits.
Reconnecter faits, envies et projet professionnel 🌿
Le bilan permet aussi de travailler sur une question : Qu’est-ce que la légitimité, et comment se construit-elle ?
Vous explorez ce qui vous motive, vos talents naturels, vos points d’appui, vos zones de progression.
Au fil des séances, vous clarifiez votre projet, non pas en partant de ce que vous “pensez devoir être”, mais de ce qui vous correspond vraiment.
Résultat : un projet professionnel plus aligné, plus concret, plus rassurant.
Focus sur le bilan de compétences Ulule 💛
Le bilan de compétences Ulule offre un cadre sécurisant pour dépasser le syndrome de l’imposteur.
Il aide à :
- remettre en perspective vos doutes,
- identifier des forces que vous ne voyez plus,
- reconnecter vos réussites avec votre valeur,
- construire un plan d’action simple et cohérent,
- retrouver une dynamique positive dans votre parcours.
Chaque accompagnement est individuel, humain, et adapté à votre situation.
Nos accompagnateurs et accompagnatrices sont formé·es pour vous aider à clarifier ce que vous apportez, même quand vous n’en avez plus conscience.
FAQ : syndrome de l’imposteur
Quelle est la différence entre le syndrome de l’imposteur et un simple manque de confiance ?
Le manque de confiance est ponctuel et lié à une situation spécifique. Le syndrome de l’imposteur, lui, persiste même lorsque les preuves de réussite s’accumulent. La personne invalide systématiquement ses compétences et ne parvient pas à intégrer ses réussites.
Est-ce que le syndrome de l’imposteur touche seulement les femmes ?
Non, il concerne tout le monde. Les femmes en parlent souvent davantage, notamment dans les environnements où elles sont minoritaires, mais les hommes sont tout autant concernés, même s’ils l’expriment différemment.
Est-ce que le syndrome de l’imposteur peut disparaître totalement ?
Il peut fortement diminuer grâce à un travail sur les pensées, les comportements, l’estime de soi et la reconnaissance des faits. Ce n’est pas un trait fixe, mais un schéma qui évolue avec le temps, l’expérience et l’accompagnement.
Faut-il parler de ses doutes à son manager ?
Cela dépend du niveau de confiance. Dans un environnement bienveillant, cela peut aider à recevoir un feedback objectif et un soutien adapté. Si le cadre est moins sécurisant, il peut être préférable d’en parler d’abord à un·e mentor, un·e collègue de confiance ou un·e coach.
Comment distinguer humilité saine et syndrome de l’imposteur ?
L’humilité permet de reconnaître ses limites tout en acceptant ses réussites. Le syndrome de l’imposteur efface les réussites, amplifie les doutes et génère un sentiment d’illégitimité, même quand les compétences sont réelles. L’un apaise, l’autre fatigue.






